28.08 — 29.11.2020

Samia Henni*

Le travail de Samia Henni, née en 1980 à Alger, se situe au croisement des Histoires de l’environnement bâti, des pratiques coloniales et des opérations militaires, du début du XIXe siècle à nos jours. Son travail vient explore des micro-histoires spécifiques de dépossession planifiées, d’exploitation et d’oppression. Elle révèle ainsi les macro-histoires du colonialisme, de l’impérialisme et de la mondialisation. Son ouvrage primé primé Architecture de la contre-révolution : L’armée française dans le nord de l’Algérie (EN, gta Verlag2017; FR, Editions B42, 2019), sa publication War Zones (gta Verlag, 2018), et son exposition Discreet Violence: Architecture and the French War in Algeria (2017–2019; Zurich, Rotterdam, Berlin, Johannesburg, Paris, Prague, Ithaca, Philadelphia) explorent les stratégies spatiales de contrôle et de surveillance menées par les États. Elle enseigne actuellement au sein du College of Architecture, Art and Planning de l’université de Cornell aux États-Unis. 

Musée Grobet-Labadié

Samia Henni, Droit au logement, 2020
Chariot, miroir, plans
Commissionné par Manifesta 13 Marseille
Avec le soutien de Ammodo, Drosos Foundation, Pro Helvetia
Courtesy de l’artiste 

L’histoire du logement à Marseille est intrinsèquement liée à l’histoire de son port, de la colonisation, de la main-d’œuvre, des migrations et des rapides industrialisation et reconstruction qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Historienne et théoricienne de l’architecture, Samia Henni invite les visiteur·se·s à marquer une pause et à réfléchir aux différents types d’habitats à Marseille, rarement exposés dans les musées ou mis en valeur dans les institutions publiques. Henni s’intéresse ici plus particulièrement aux abris qui accueillent les populations sans logement, mal logées ou relogées. Située dans l’antichambre du Musée Grobet-Labadié, son œuvre, Right to Housing, confronte le·a visiteur·se à sa propre image, aux intérieurs et aux collections de la villa, ainsi qu’aux lieux où vivaient les personnes qui ont pu travailler pour la famille Grobet-Labadié. Ces derniers sont présentés sur un miroir autoportant, se reflétant à l’infini dans le miroir de la villa, lui-même reflet de l’âge d’or de la bourgeoisie européenne.

Musée d’Histoire de Marseille

Samia Henni, Pharmacologie du logement, 2020
Impressions, enceintes, publication, cordes à linge, pinces à linge, étais
métalliques
Commissionné par Manifesta 13 Marseille
Avec le soutien de Ammodo, Drosos Foundation, Pro Helvetia
Courtesy de l’artiste
Voix : Fathi Bouaroua, Aicha Boutayeb, Vincent Girard, Habib, policier , Laura Spica, Vendredi 13 (Monique Blanc, Bernard Nos)
Découpage audio : Samia Henni
Postproduction et installation audio : Iris Rennert
Photographies : Aicha Boutayeb, Samia Henni, Kamar Idir, Vendredi 13
Publication : Samia Henni (découpage des textes ),
Laura Spica (révision des textes ), Flora Fettah (relecture ), Good and Cheap Art Translators (Traduction), Anbar Oreizi-Esfahani (Assistante en cartographie ), êkhô studio (Claire Bonnet, Charlie C. Thomas, Conception graphique et mise en page )

La pharmacologie est une condition qui comprend à la fois le poison et le remède. S’inspirant de l’essai de Jacques Derrida, La pharmacie de Platon, qui décrit l’écriture comme un pharmakon, elle a, plus largement, été théorisée par Bernard Stiegler, qui propose une analyse politique et d’intervenir sur les systèmes capitalistes exploiteurs et les tendances destructrices des sociétés de consommation. Dans la lignée de Stiegler, la pharmacologie, ainsi, façonne l’éthique et la politique des soins.

Sur la base de conversations menées après la levée du confinement en France avec des habitant·e·s de Marseille, Pharmacologie du logement expose et juxtapose le poison et le remède que la présence ou l’absence d’habitations ont engendré dans les quartiers de Marseille. Elle se penche sur les histoires du droit au logement ainsi que sur les vies et les pertes humaines ; examine les conditions de vie des non-logé·e·s dans les rues de Marseille ; analyse le statut de la psychiatrie démocratique et des environnements habités ; questionne le rôle que joue le bâti pour garantir l’autogestion de la santé et l’autosubsistance ; et fouille dans les politiques de logement à l’égard des travailleur·se·s migrant·e·s qui ont participé à la reconstruction immobilière et à la croissance économique rapide de la France pendant les Trente Glorieuses, les trente ans de 1945 à 1975 après la Régime de Vichy et la Seconde Guerre mondiale.

Pharmacologie du logement propose de multiples fragments et des visions concurrentes des inclusions et exclusions territoriales à Marseille au travers d’expériences vécues, d’enregistrements audiovisuels et de sources publiées qui interrogent le passé et aspirent à un avenir plus viable. Elle tente finalement de créer des traits d’union.s potentiels entre la narration et l’écriture de l’Histoire et entre les devoirs des institutions et les droits des êtres humains.

Participant.e.s du projet « Pharmacologie du logement » (audio et photo) :

  1. Fathi Bouaroua est engagé dans les combats autour du droit au logement et des mouvements associatifs à Marseille.
  2. Laura Spica est anthropologue et membre du Collectif du 5 Novembre et de Noailles Debout à Marseille.
  3. Aicha Boutayeb est assistante sociale depuis cinq ans aux côtés de l’équipe du Mouvement et Action pour le Rétablissement Social et Sanitaire (MARSS), associé à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille.
  4. Vincent Girard est psychiatre et cofondateur du collectif Mouvement et Action pour le Rétablissement Sanitaire et Social (MARSS) à Marseille.
  5. Habib est conducteur de bus urbain pour la Régie des Transports Métropolitains [RTM] de la ville de Marseille.
  6. Vendredi 13 (Monique Blanc, Bernard Nos) Monique Blanc et Bernard Nos sont cofondateur.rice.s de l’Association Vendredi 13 à Marseille.
  7. Policier en civil à Marseille.

La publication réalisée dans le cadre de ce projet est disponible ici : Pharmacologie du logement, Samia Henni, 2020. 

Oeuvres conçues à l’occasion de Manifesta 13 Marseille

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