Les travaux de Ken Okiishi, né en 1978 aux Etats-Unis, tournent autour et se penchent sur les relations entre la matière et la mémoire, la perception et l’action, les réseaux d’images et les systèmes de langage, la technologie et l’émotion. Travaillant à travers et avec de multiples médiums en simultané (vidéo / peinture, écriture / vidéo, circulation d’objets / circulation d’images, monnaie / sculpture, etc.), il créé des moments où le « monde réel » perd sa cohérence et où les langues et les images s’effondrent.
Ken Okiishi, A Model Childhood (“family history video for insurance purposes” circa 2009), 2018
DVD, couleur, muet
78 minutes
Courtesy de l’artiste, Reena Spaulings Fine Art NY/LA, Pilar Corrias Londres et Take Ninagawa, Tokyo
Ken Okiishi, A Model Childhood, Honolulu, Hawaii, circa 1940, 2018
Impression jet-d’encre
Courtesy de l’artiste, Reena Spaulings Fine Art NY/LA, Pilar Corrias Londres et Take Ninagawa, Tokyo
Ken Okiishi, A Model Childhood, (Telegram message, April 2020), 2020
Impression jet-d’encre
Commissionné par Manifesta 13 Marseille
Courtesy de l’artiste, Reena Spaulings Fine Art NY/LA, Pilar Corrias Londres et Take Ninagawa, Tokyo
A Model Childhood [Une enfance modèle] est une méditation sur le lieu de naissance de l’artiste, les États-Unis, tout autant que sur le concept de « chez-soi » lui-même. Issus de la classe marchande japonaise, les ancêtres paternel·le·s de Ken Okiishi ont mené une existence transnationale au début du XXe siècle. Cependant, durant la Seconde Guerre mondiale, il·elle·s furent contraint·e·s de reconfigurer leurs identités. En effet, les États-Unis réagirent au conflit en dépouillant les nippo-américain·e·s de leurs droits et, dans de nombreux cas, en les envoyant dans des camps de concentration. A Model Childhood présente une photographie du père de l’artiste célébrant Boys’ Day, en 1940 à Honolulu, Hawaï. Immédiatement après le bombardement de Pearl Harbor en 1941, le grand-père de l’artiste jeta dans l’océan tous les objets familiaux pouvant rappeler le Japon. Cette photographie a existé, au sein de la famille de l’artiste, comme une fenêtre perpétuellement déplacée sur un monde dont elle a été brusquement coupée. Suspendu au-dessus de la cheminée, en face de cette photo de famille, et déroulé à travers la pièce, un rouleau comporte un message qu’Okiishi a écrit sur l’application de messagerie Telegram lorsque les artistes et les commissaires de Manifesta échangèrent librement début avril sur ce qu’il convenait de faire, alors que la Covid-19 affectait nos réalités et nos systèmes politiques. Dans le salon de musique ostentatoire, « Une vidéo d’histoire familiale à des fins d’assurance », réalisée par la mère de l’artiste en 2009, documente chaque objet du foyer Okiishi.
* Oeuvre conçue à l’occasion de Manifesta 13 Marseille