28.08 — 29.11.2020

Frédéric Delanglade

L’artiste et écrivain Frédéric Delanglade (1907-1970, FR) commença à peindre en 1928. Sa première exposition lui valut le commentaire « Il peint comme il rêve ». En 1939, Delanglade organisa l’exposition Le Rêve dans l’art et la littérature, qui comprenait des dessins réalisés par des personnes atteintes de maladies mentales. Pendant la guerre, il fut capturé par les Allemands. Après son évasion du camp nazi de Bar-le-Duc, il s’enfuit à Marseille en 1941, où il rejoignit d’autres artistes surréalistes espérant s’échapper d’Europe et participa à la création du jeu de Tarot surréaliste. En 1942, il se cacha dans un asile à Rodez, où séjournait également Antonin Artaud.

Jeu de Marseille

Parmi les nombreuses réalisations des artistes et écrivain·e·s rassemblé·e·s à la Villa Air-Bel, la plus marquante est certainement le Jeu de Marseille – clin d’œil aux fameux « tarots de Marseille », qu’André Breton étudiait à l’époque. Les Surréalistes réinventèrent l’iconographie d’un jeu de carte classique, reprenant les figures et des symboles fétiches du mouvement. Les couleurs deviennent la flamme de l’Amour (représentée par Baudelaire, la Religieuse portugaise de Stendhal et Novalis), l’étoile noire du Rêve (Lautréamont, Alice de Lewis Carroll et Sigmund Freud), la roue sanglante de la Révolution (le Marquis de Sade, Lamiel et Pancho Villa) et la serrure de la Connaissance (Hegel, Hélène Smith et Paracelse). Les rois deviennent génies, les dames se muent en sirènes et les valets en mages.

Un tirage au sort détermine la conception des différentes cartes : Victor Brauner (Hegel et Hélène Smith), André Breton (Paracelse et l’As de Connaissance), Jacques Hérold (Lamiel et Sade), André Masson (La Religieuse portugaise et Novalis), Max Ernst (Pancho Villa et l’As d’Amour), Jacqueline Lamba (As de Révolution et Baudelaire), Wifredo Lam (Alice et Lautréamont) et Oscar Dominguez (Freud et l’As de Rêve). Au joker est assignée la figure du Père Ubu telle que l’avait dessinée Alfred Jarry. Frédéric Delanglade conçoit quant à lui le dos des cartes et est ensuite chargé de standardiser les cartes en les redessinant d’un trait continu. Elles sont publiées pour la première fois en 1943 dans le troisième numéro de Revue WW, puis éditée en 1983 par André Dimanche.

 

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