28.08 — 29.11.2020

Roland Barthes

Roland Barthes (1915 – 1980, FR), philosophe, critique, sémioticien

Les dessins et les peintures de Roland Barthes datant des années 1970 ont été fortement influencés par ses voyages au Japon, à la fin des années 1960 – un pays dont le système d’écriture porte encore les traces d’idéogrammes qui associaient l’écriture à la peinture. Barthes a été frappé par le fait qu’une grande partie de la calligraphie japonaise était basée sur des processus corporels. Il reviendra sur cet aspect dans sa préface à une encyclopédie de l’écriture et de la typographie intitulée La Civilisation de l’écriture : « Je suis l’artiste, non pas en ce que je représente un objet, mais plus fondamentalement parce que dans l’écriture, mon corps prend plaisir à tracer, à inciser rythmiquement une surface vierge ».

Il avait l’habitude de dessiner et de peindre le week-end, seulement le matin, lorsque l’esprit et le corps ne sont pas encore complètement réveillés. Ses œuvres sur papier sont fragmentées, non figuratives et dépourvues de tout mythe ou signifiant. D’un côté, elles illustrent ainsi, d’une part, son approche générale de l’écriture et, de l’autre, affirment son approche synesthésique : « J’ai une maladie : je vois le langage », affirmait-il. Dans son écriture, Barthes évitait d’employer le point d’exclamation ou l’ellipse, afin de la rendre neutre. Il n’en attirait pas moins l’attention sur son aspect visuel. La monotonie et la prolixité des lignes aiguës, que l’on retrouve dans des centaines d’œuvres picturales de Barthes, témoignent également de son intérêt pour l’ennui : « L’ennui serait-il donc mon hystérie ? ».

{"autoplay":"true","autoplay_speed":"3000","speed":"300","arrows":"true","dots":"true","rtl":"false"}