Les créations technologiques de l’artiste franco-marocain Mounir Ayache (né en 1991) incitent à regarder les réalités politiques et sociales du monde arabe sous un autre jour. En reprenant les codes de la science-fiction, auquel il mêle histoires familiales et réappropriation imaginaire des expériences et identités arabes, Mounir Ayache s’inscrit dans le courant non-officiel de l’arabfuturism, inspiré de l’afrofuturism des années 1990. Ces mouvements emploient la fiction pour proposer des récits et des réalités alternatifs. Il utilise ce qu’il appelle ironiquement une esthétique « SF orientale » afin de singer les représentations de l’Autre et de l’Etranger dans les fictions occidentales. En plus des codes et de la rhétorique de la science-fiction, Mounir Ayache se sert des nouvelles technologies pour réaliser et transmettre ses idées, et brouille ainsi les frontières entre art contemporain et entertainment.
Mounir Ayache, Khadija, 2020
Installation multimédia, projection, bras robotisé Kawasaki
Commissionné par Manifesta 13 Marseille
Produit en collaboration avec Triangle France – Astérides
Bijouterie : Anaïs Hilaire
Co-écriture et traduction : Syrine Chekili
Technique : Mounir Ayache et Paul Taine
Avec le soutien de Drosos Foundation Kawasaki
Courtesy de l’artiste
L’installation Khadija évolue au cours de l’exposition, explorant différentes temporalités et expériences de visite. Elle s’articule autour d’un court métrage de science-fiction inspiré en partie inspirée de l’histoire familiale de l’artiste mais aussi par des événements survenus dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). L’œuvre emploie l’esthétique de la science-fiction pour transposer des enjeux actuels dans un autre espace et un autre temps, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour notre présent.
La première scène se déroule dans la bibliothèque Boisselot : Khadija, l’héroïne du film, lutte contre une entité supérieure pour sa liberté. Allongée, elle converse avec une intelligence artificielle, défiant son autorité et le monde qu’elle a créé. Alors qu’elle sort du coma et que progressivement ses souvenirs reviennent , nous découvrons peu à peu son monde : une société dystopique où une intelligence artificielle applique des mesures militaires, aidée par la faction dont Khadija est membre. Un dialogue s’engage – chacun des deux protagonistes incarne une compréhension et une vision politique différentes du monde dans lequel il.elle vivent. Pendant un mois, cette première scène sera filmée et diffusée en direct sur l’écran de projection.
Au fur et à mesure que de nouvelles scènes sont tournées, l’installation évolue. L’héroïne poursuit la recherche de son moi perdu et d’une société alternative. La projection est complétée par de nouvelles scènes, en plus de celles qui sont interprétées en temps réel, et l’installation continue à se développer tout au long de la biennale. La phase finale correspond à la projection publique du court métrage dans son entièreté.
* Oeuvre conçue à l’occasion de Manifesta 13 Marseille
Produit en collaboration avec Triangle France – Astérides