28.08 — 29.11.2020

Minia Biabiany

Née en 1988 en Guadeloupe, Minia Biabiany  travaille entre Mexico et la Guadeloupe. Elle explore la perception de l’espace, les paradigmes du tissage et le concept d’opacité dans les récits et le langage. Dans ses installations poétiques et sensibles, elle interroge particulièrement les outils de narration de l’Histoire coloniale dans la Caraïbe. Minia Biabiany a initié le projet collectif artistique et pédagogique Semillero Caribe en 2016 et continue à présent avec le projet Doukou qui aborde les concepts d’auteur.rice.s caribéen.ne.s. en utilisant les ressentis du corps.

Minia Biabiany, Toli Toli, 2018
Vidéo HD, couleur, son
Courtesy de l’artiste

Toli Toli utilise la métaphore spatiale d’une vieille chanson pour enfants afin de transmettre un récit politique croisé sur la Guadeloupe. Dans la vidéo-poème, le « toli toli » – une chrysalide, en créole guadeloupéen – désigne un ailleurs intérieur, des lieux et des distances façonnés par la colonialité. La chrysalide en mouvement, le « toli toli », montre un intérieur, un lieu autrefois marqué comme « ici » par un silence ancien, mais qui aujourd’hui énonce l’histoire du territoire et dénonce les stratégies d’assimilation. Au cours de l’histoire d’un paysage où les ombres possèdent le « pouvoir de nommer », deux mains semblent tisser de façon répétée un objet invisible. Cette figure visuellement absente est un tissage de bambou utilisé dans les nasses, que l’artiste a choisi comme métaphore de la narration et de la structure du langage.

Minia Biabiany, Doubout’, 2009
Sculpture, coton, tige en acier
Courtesy de l’artiste

La sculpture Doubout’ utilise le langage de la matière, le poids symbolique du coton et des champs de coton. Une tige de coton marquée par l’accumulation d’empreintes de poings est un symbole autoritaire à la fois de l’absence et de la nécessité d’une lutte pour l’autonomie de la Guadeloupe contemporaine, qui est actuellement un territoire français. En tant que symbole de la résistance contre l’esclavage, elle s’élève haut, après avoir été exclue de la version officielle de l’Histoire (française). Le mot « doubout » veut dire « debout » en créole.

 

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