Leonora Carrington, Sans titre, 1942
Crayon sur papier
Courtesy of Mark Seidenfeld
Au cours des années 1940, Leonora Carrington (1917 – 2011, UK) réalise une série d’œuvres marquées par ses voyages inquiétants à travers une Europe déchirée par la guerre. Elle fait ainsi la connaissance des Surréalistes à Paris et est ensuite internée dans l’hôpital psychiatrique du docteur Morales à Santander, avant de fuir vers le continent américain.
Ses dessins et ses peintures témoignent de l’anxiété et de la solitude qu’elle ressentait alors, mais aussi de sa capacité à puiser force et liberté de son imagination. Carrington a construit un univers mythologique où des femmes enchantées pratiquent la magie en connexion avec une nature animale, végétale et minérale. L’un de ses motifs récurrents est un cheval sauvage, qui symbolisait à la fois les sexualités masculine et féminine, illustrant sa re-conceptualisation des rôles de genre et de la position des femmes dans la culture.
Le cheval est tout autant l’alter ego de Carrington qu’une figure protectrice, tandis que l’oiseau est un animal gardien qui représente Max Ernst, son bienaimé. Sur ce dessin de 1942, des chevaux au galop flottent sur des nuages comme les anges dans les tableaux religieux. L’un d’entre eux rend hommage à l’idéal surréaliste de la folie – état par le biais duquel les femmes en particulier se sont vu accorder des pouvoirs, certes mystérieux et révolutionnaires, mais au prix d’un ostracisme social.