28.08 — 29.11.2020

Barbara Wagner et Benjamin de Burca*

Bárbara Wagner (née en 1980 au Brésil) et Benjamin de Burca (né en 1975 en Allemagne) ont développé une pratique collaborative avec celles et ceux qu’ils dépeignent. Leurs films prennent la forme de comédies musicales qui défient les notions conventionnelles du genre, la fiction et le documentaire s’hybridant et venant créer un nouveau langage. Leurs œuvres célèbrent – tout en recadrant – les cultures vernaculaires telles qu’elles se sont manifestées au fil du temps. Ils examinent la façon dont des cultures populaires s’adaptent aux conditions économiques changeantes – en particulier dans les économies émergentes ou les contextes géographiques post-coloniaux – et comment des genres populaires persistent à travers la diaspora. Les artistes montrent sans classifier et, ainsi grâce à cet espace entre la mise en scène et le réel, révèlent les contextes de genre, de race et de classes. C’est précisément là que s’autogénèrent et se rejouent des stratégies de visibilité et de subversion mêlant les champs de la culture populaire, de l’art et de la tradition. 

Bárbara Wagner & Benjamin de Burca, ONE HUNDRED STEPS, 2020
Vidéo, en boucle, 2K, N/B + Couleur, son 
30
Co-commissionné par Manifesta 13 Marseille et Visual Carlow
Produit par VOLTE et Wagner & de Burca
Co-financé par the Arts Council of Ireland, Bundesregierung für Kultur und Medien (BKM), Medienboard Berlin Brandenburg, V-A-C Foundation et Ammodo
Courtesy des artistes et de Fortes D’Aloia & Gabriel, São Paulo et Rio de Janeiro 

La huitième collaboration audiovisuelle de Bárbara Wagner et Benjamin de Burca fait référence au travail de Bob Quinn, cinéaste irlandais dont les productions des années 1980 (en particulier Atlantean, une quadrilogie de films documentaires, accompagnée d’un livre) étaient consacrées à la déconstruction de l’imaginaire hégémonique eurocentré et à l’approfondissement du rôle que des cultures nord-africaines dans la construction de la culture irlandaise. Avec son approche anticoloniale, l’œuvre de Quinn reste un document historique important, dont la pertinence est plus que jamais d’actualité. 

Le film de Wagner & de Burca propose aux spectateur.rice.s d’entrer dans son histoire au travers de deux chapitres distincts, mais se répondant l’un l’autre. Le premier se déroule dans un somptueux manoir colonial anglo-irlandais du XVIIe siècle ayant appartenu à des propriétaires terriens, situé dans le sud-ouest de l’Irlande ; le second dans une demeure majestueuse du XIXe siècle construite par une famille bourgeoise française, située dans le centre de Marseille. Chacun de ces édifices porte dans son architecture et son décor l’atmosphère pesante de son histoire privilégiée – une histoire aujourd’hui préservée, puisque les deux bâtiments sont devenus des musées ouverts au public. 

À l’instar des autres films du duo, ONE HUNDRED STEPS se déroule dans un langage hybride entre documentaire et fiction. Ici, les visiteur.se.s des musées se révèlent être des performeur.se.s. Leurs performances musicales sont comme des occupations éphémères de ces espaces chargés, rejetant une relation binaire et simpliste entre l’Européen.ne et l’Autre, inversant les rapports de force entre celui qui raconte et celui qui doit écouter. C’est sur ce territoire tiers que s’inscrit le récit de Wagner & Burca, où les voix et les corps des artistes esquissent de nouveaux imaginaires autour de ces récits historiques. 

Oeuvre conçue à l’occasion de Manifesta 13 Marseille

Barbara Wagner et Benjamin de Burca*ONE HUNDRED STEPS, 2020 © Bárbara Wagner & Benjamin de Burca. Photo ©Jeanchristophe Lett /Manifesta 13 Marseille