André Breton (1896-1966, FR) était un poète, essayiste et critique, et le fondateur et principal théoricien du mouvement surréaliste. Il a étudié la médecine et la psychiatrie, s’intéressant particulièrement aux maladies mentales. Pendant la première guerre mondiale, il travaille dans les services de neurologie de Nantes. Cette expérience l’a incité à entreprendre une étude approfondie sur Freud, ce qui lui a permis de développer un intérêt pour l’art brut et l’art impliquant le subconscient et l’irrationnel. Breton est le pionnier de l’écriture et du dessin automatique. Il est également collectionneur d’art et de matériel ethnographique. Marxiste engagé, il rejoint le parti communiste français en 1927. Il quitte le parti en 1935, mais reste attaché à la philosophie marxiste. Résident à Paris jusqu’en 1941, Breton s’enfuit en Amérique pour rejoindre plusieurs autres artistes surréalistes expatriés à New York. Après la guerre, en 1946, il retourne à Paris, où il poursuit son activisme politique de gauche et la promotion du surréalisme.
Dessins collectifs surréalistes
Après mai 1940, Marseille accueille des réfugié·e·s de toute l’Europe attendant de fuir vers les Amériques. Parmi eux·elles, de nombreux·ses artistes, musicien·ne·s, écrivain·e·s et penseur·se·s trouvèrent refuge à la Villa Air-Bel, géré par le journaliste américain Varian Fry avec le soutien du Comité Américain de Secours (aujourd’hui nommé l’International Rescue Committee). Dans cette vaste demeure, il·elle·s attendent le moment où ils pourront s’échapper. Victor Serge baptisa même la spacieuse bastide « Château Espère-Visa ».
La villa voit passer des personnalités comme André Breton, Jacqueline Lamba, Oscar Dominguez, Victor Brauner, Jacques Hérold, Wifredo Lam, Max Ernst, André Masson et Marcel Duchamp. André Gomès tient le journal photographique du petit groupe. Dans la grande bibliothèque, le groupe s’adonne à de nombreuses activités collectives et ludiques : lectures, jeux, charades et anagrammes en tout genre, notamment les fameux cadavres exquis, que Breton définira plus tard comme « un jeu de papier plié qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu’aucune d’elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes ». Dans l’exemple classique qui a donné son nom au jeu, la première phrase est « cadavre exquis-boire-vin-nouveau ». Le jeu, à l’origine littéraire et poétique, inclura bientôt dessins, collages et fragments photographiques.