28.08 — 29.11.2020

Hannah Black

Née en 1981 au Royaume-Uni, Hannah Black est une artiste et écrivaine dont le travail explore les questions et les expériences de classes, de races et de genres au travers de deux échelles différentes : à la fois individuelles/psychologiques et collectives/historiques. Ses vidéos et installations associent des fragments de sa propre vie ou celles dautres personnes – comme un implant dentaire ou un rôle dans une comédie musicale – avec des anecdotes et des détails historiques. Sa pratiqueinfluencée par les traditions radicales noires et communistes, se penche sur les limites et les structures des relations. 

Hannah Black, Bastille, 2020
Briques, pages de Les 120 journées de Sodome par le Marquis
de Sade, 1785
Avec le soutien de Fluxus Art Projects
Courtesy de l’artiste et d’Arcadia Missa, London

Hannah Black, Ruin II, 2020
Livre de poche Les jacobins noirs. Toussaint-Louverture et la
Révolution de Saint-Domingue par C. L. R. James, 1938, mot sur
post-it, pastel, socle
Avec le soutien de  Fluxus Art Projects
Courtesy de l’artiste et  Arcadia Missa, London

Hannah Black, Oof, 2020
Huile sur toile
Avec le soutien de Fluxus Art Projects
Courtesy de l’artiste et Arcadia Missa, London

 

Les œuvres d’Hannah Black rassemblent un ensemble d’événements associés à la Révolution française et le concept d’œuvre d’art autonome. Le jour de la prise de la Bastille, le roi Louis XVI écrit un seul mot dans son journal intime : « rien ». Cela peut être considéré comme un signe d’indifférence aristocratique à l’égard d’activités prolétariennes. Mais il est plus probable que ce mot fasse référence à la chasse de ce jour-là, au cours de laquelle le roi n’a rien tué. Ici, le mot « RIEN » apparaît sous la forme d’un tableau de 1,80 mètre de haut, inspiré de la célèbre toile Oof (1962), d’Ed Ruscha. Hannah Black s’inspire ainsi de deux idées centrales dans l’œuvre de Ruscha, à savoir que l’art tire sa force d’une sorte de vide sémantique, et que ce vide lui-même caractérise la vie urbaine de tous les jours.

Lors de la prise de la Bastille, Arnoux de Saint-Maximin a trouvé un manuscrit caché dans les murs d’une cellule de prison. Ce texte s’est avéré être le roman Les 120 jours de Sodome du Marquis de Sade – un descendant de l’aristocratie à qui la célébration de la perversion a finalement fait perdre son rang. Bastille d’Hannah Black reconstitue cette anecdote de manière ludique avec de la brique et du papier, évoquant à la fois l’autonomie de la sculpture minimaliste (Carl Andre) et la cellule de prison. En face, Ruin II consiste en une copie de l’ouvrage majeur de CLR James, Les Jacobins noirs. Le livre de James est une histoire largement matérialiste de la révolution haïtienne, qui s’est déroulée parallèlement à la révolution en France. En annotant le livre avec un post-it sur lequel on peut lire « ruine », Hannah Black souligne non seulement le destin ambivalent de la seule révolte d’esclaves réussie de l’Histoire – la colonie de Saint-Domingue était l’une des plus riches de l’hémisphère occidental, tandis que l’État d’Haïti est maintenant l’un des plus pauvres – mais aussi la tendance historique à percevoir la critique sociale comme une menace lorsqu’elle est exprimée par des voix noires.

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